Concours de Design Dyson : Félix Botella Lauréat France
Felix Botella est diplômé de Strate Ecole de design, promo 2014 en Design Produit où il est entré en admission parallèle en 3e année. Aujourd'hui son projet EzyGain est Lauréat national du James Dyson Award. On a voulu en savoir plus !
Bonjour Félix, Tu as été diplômé de Strate en 2014 en ayant suivi le cursus Design Produit[s].
Quelle a été la suite de ton parcours depuis ta sortie de Strate ?
Après avoir été diplômé en design de Strate, je songeais sérieusement à commencer ma carrière en tant que designer-entrepreneur. J’avais justement effectué mon stage de fin d’études dans une start-up à Bangalore en Inde, où j’ai pu avoir un avant-goût du monde entrepreneurial, j’y développais des produits pour le marché indien. Il fallait être rapide et efficace dans le raisonnement et la production, j’aimais beaucoup cette dynamique !
A mon retour, donc après avoir été diplômé, j’ai eu la chance de croiser la route de deux personnes formidables qui allaient devenir mes associés. Thierry, médecin chef d’un centre de rééducation à Bobigny et Zineb, issue d’un double diplôme Centrale-ESSEC en filière entrepreneure. Ils voulaient développer un tapis roulant de rééducation de la marche avec une technique d’allègement du poids innovante, adaptable pour les petites structures. Pour développer un dispositif comme celui-ci, il était important qu’ils soient accompagnés d’un designer industriel … le projet m’a parlé tout de suite, nous nous sommes rencontré et je les ai rejoints. Nous avons été ensuite rejoints par deux Polytechniciens, Thibault et Jean-Baptiste, pour la partie production et mécanique. A nous cinq, nous avons décidé de co-fonder notre start-up EzyGain.
Peux-tu nous parler de ton projet EzyGain ? De quel constat es-tu parti ? Qu'est-ce qui t'a donné envi d'aborder ce sujet ? Où en es-tu du développement de celui-ci ?
Ensemble, nous avons constaté que plus de 4,25 millions de personnes en France ont des difficultés de marche (hémiplégiques, AVC, paraplégiques, sclérose en plaque, ou même accident de la route), ces personnes ont un besoin commun : se rééduquer en bonne et due forme. Cependant, les capacités d’accueil dans les centres sont restreintes, les soins sont chers et il est souvent nécessaire pour les aidants d’être à deux pour aider les patients/résidents.
EzyGain veut résoudre ce problème : c’est un tapis roulant de rééducation de la marche destiné aux petites structures types maisons de retraites, SSR, cabinets de kinésithérapie, et à terme le domicile. L’avantage de son principe d’allègement du poids par le bassin est qu’il est plus simple pour le patient/résident de s’exercer tout en étant libre de ses mouvements. Au-delà du patient/résident, l’aidant ou le kiné est soulagé dans sa tâche, il peut ainsi s’occuper de plusieurs utilisateurs à la fois, tout en les supervisant.
J’ai décidé de co-fonder EzyGain car je me reconnaissais dans l’idée de ce projet : Le besoin était pour moi évident, j’avais l’opportunité de développer une idée qui répondait à un vrai problème. En tant que designer, j’ai toujours cherché à trouver des solutions pour améliorer le quotidien.
Avec mon équipe, nous avons développé notre idée depuis 2 ans : beaucoup de R&D, de focus-groups avec des médecins, trois prototypes, des tests avec de vrais patients en maisons de retraites … une sacrée aventure ! Aujourd’hui, nous sommes à l’aube de la commercialisation …
Tu es lauréat France du prix James Dyson. Qu'est-ce que ça représente pour toi ?
Pour moi, le prix James Dyson Award est un véritable accomplissement, une très belle fierté en tant que designer, et une belle représentation d’un travail d’équipe ! Depuis le début de mes études, notamment avec Strate, j’ai beaucoup entendu parlé de ce prix. J’admirais les designers qui se distinguaient et qui participaient (je les admire toujours !), et ça me donnait envie de tenter ma chance un jour.
Lorsque j’ai commencé à développer EzyGain, j’ai fait le rapprochement rapidement entre notre idée et le « brief » du concours Dyson : « Résoudre un problème par une solution innovante. », je me suis dit qu’il serait intéressant pour nous d’avoir une distinction avec un prix de designer. Nous avions déjà remporté quelques prix entrepreneuriaux (comme le PEIPS et le Switch Up challenge) et mécanique/technologique (le prix Norbert Ségard).
Aujourd’hui, nous remportons le prix Dyson Award, qui prouve à son tour que le design a une place importante dans notre projet !
Tu vas concourir pour le prix international, ce serait un bel aboutissement pour ton projet ?
Certainement ! Je suis déjà très heureux d’avoir remporté le prix national en présentant la partie design d’EzyGain. Pour mon équipe et moi-même, concourir pour le prix international est déjà un très bel honneur en soi. Quoi qu’il arrive, cela nous donne une énergie positive dont nous aurons besoin pour les prochains mois de travail, notamment pour la phase de commercialisation !
Peux-tu nous décrire ton parcours avant Strate et à Strate pour les jeunes intéressés par le design qui voudraient suivre ton parcours ?
Comme la plupart de mes camarades Stratos, le dessin occupe une place importante depuis mon enfance. Rapidement, j’ai voulu exercer une profession en rapport avec la création. Avant d’entrer à Strate, j’ai été diplômé d’un BAC STI Arts Appliqués à Périgueux, suivi d’un BTS Design de Produits à Blois, puis une Licence Couleur-Image-Design à Montauban. Petit à petit, je me suis orienté vers le design produit car j’aimais l’aspect concret du processus de création : partir d’une simple esquisse pour arriver à un produit fini.
La dimension internationale de Strate ainsi que ses partenaires m’ont attiré, je suis donc rentré en 2011 en 3ème année en section Produit. En 4ème année, je suis parti à la TCA de Tokyo pour étudier l’animation et le « character design », une belle occasion pour moi d’exercer mes premières passions : le dessin et la BD. En revenant d’échange universitaire, j’ai travaillé avec Merck Millipore grâce à un partenariat avec Strate. Puis après avoir obtenu mon diplôme (j’avais travaillé sur le sujet des voyages spatiaux au long cours, notamment pour une mission habitée vers Mars), je suis parti à Bangalore développer des produits pour le marché indien.
En résumé, ces expériences m’ont conduites à faire ce que je fais aujourd’hui : co-fonder ma propre start-up avec une équipe complémentaire pour résoudre un problème important. Si j’ai un conseil à donner aux étudiants ou jeunes diplômés qui veulent tenter une aventure entrepreneuriale : le point le plus important est l’équipe. Entourez-vous d’une équipe complémentaire qui apporte ses propres compétences pour perfectionner le projet.
N’oubliez jamais que la place du design au sein d’une entreprise ou start-up est essentielle : Lancez-vous, cela en vaut la peine ! Nous exerçons un métier qui permet d’améliorer le quotidien, les fonctions, l’ergonomie, ce sont de précieuses compétences qui nous permettent de nous distinguer lorsque l’on créé un projet à partir de zéro.
Merci Félix d'avoir accepté de répondre à nos questions.