Vie de l'école

Témoignages - Stratos stagiaires à Strate Research

Publié le 15 Jun 2023
valentine et estelle

Entretien avec Valentine et Estelle, deux Stratos en 3e année Design Interaction et actuellement en stage au sein de Strate Research

Elles témoignent du déroulement de leur stage et de l'expérience qu'elles vivent aux côtés des enseignants-chercheurs de Strate.

  • Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Estelle : "Bonjour je m’appelle Estelle, j’ai 21 ans. Je suis en 3ème année Design Interaction et actuellement apprentie chercheuse à Strate Research ! Je suis Franco-Chinoise, ce qui m'a permis de voyager pas mal de fois en Asie, notamment à Shanghai où j'ai vécu 3 ans. 
Cette double culture me permet d’avoir une sensibilité pure entre ces deux origines et le monde qui m’entoure. Depuis petite fille j’ai toujours été à la recherche de nouvelles découvertes, de questionnements sur le monde et sur ma place dans celui-ci. J’ai toujours été une petite curieuse qui cherche à apprendre et à comprendre tout ce qu’elle voit." 

Valentine : "Bonjour, je suis Valentine, j'ai 21 ans. Je suis en 3ème année Design Interaction. Avant de venir à Strate, j'ai fait un an de prépa à l'École Camondo et avant ça j'ai fait un baccalauréat L, spécialité Arts. Et globalement, je suis passionnée de cinéma, de philosophie et de musique." 
 

  • Pourquoi avoir choisi de faire un stage en recherche du design ? 

Estelle : "Au départ, j’ai d’abord trouvé un stage dans une startup. Les lieux, l’équipe était superbe cependant le travail demandé n’était pas tout à fait les points que je voulais approfondir durant ces 4/5 mois. Je faisais des interfaces sur Figma soit que de l’UI sans approche UX, sans réel réflexion et sans signification.
C’est pourquoi, quand j’ai entendu parler de la possibilité de faire un stage à Strate Research, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion. 
L’envie d’aller à Strate Research me vient de la curiosité que j’ai des projets menés dont Yokobo un projet qui était présenté lors des JPO.  Mais aussi du fait que Ioana Ocnarescu, directrice de Strate Research nous a suivi sur un projet expérimental que nous avons mené avec Valentine, ce qui nous a permis d'avoir un aperçu de la recherche et d'approfondir ma réflexion dans mes projets sans plus me baser uniquement sur la conception d'une interface." 


Valentine : “Pour moi, c'est vraiment un projet qu'on a fait cette année qui a été un peu une sorte de déclic. On devait créer une expérience qui devait être testable, établir un protocole scientifique et avant ça, faire des recherches. Et en fait, tout ce projet a été incroyable, un peu comme une révélation. Il fallait simuler une IA. C'était assez challengeant. Donc voilà, on a adoré ce projet, toute la partie réflexion, la partie test, la partie expérience. Et ce projet a hyper bien marché. On a pu le faire tester avec beaucoup plus de monde que ce qui était prévu et ça a vraiment eu un vrai effet émotionnel. Et voilà, ça a été un peu le déclic et j'ai eu envie de passer trois mois à faire ça, de comprendre vraiment de manière plus poussée, plus professionnelle, comment tout ça, ça s'orchestre dans le vrai monde et découvrir la vie de ces gens dont c'est le métier.”

Estelle : “C'est ça, au début, on n'était pas trop conscients de l’impact de la recherche. Pour nous, ça faisait partie d'un passage du projet de design. Mais on a découvert au bout d'une semaine ou deux que vraiment la recherche était un autre domaine qui était encore plus « complexe », et vraiment poussé sur ce qu'on aimait faire lors du projet.”

 

 

  • Quelle est votre approche de la recherche en design ? A-t-elle évolué au cours de votre stage ? 

Valentine : “Pour moi, ce stage, ça a été surprises sur surprises et dans le bon sens du terme. À chaque fois, j'ai appris, j'ai lu un nouveau bouquin, j'ai lu des articles scientifiques, j'ai découvert ce que c'était, j'ai pu poser des questions à des gens qui ont fait des thèses. Concrètement, je ne pouvais pas expliquer ce que c'était que de faire une thèse. Je ne comprenais pas réellement ce qu’est un mémoire, un doctorat, etc… C'est hyper enrichissant sur tous les plans, pas que de la connaissance mais aussi au niveau de la culture de manière générale, des études, des possibilités de métiers. Et aussi de comprendre comment se poser les bonnes questions, comment bien organiser une expérience, comment l'analyser. Moi, c'est la partie réflexion qui me parle le plus, mais se demander comment mettre en place un protocole scientifique certifié, à quoi ça sert ? Comment contribuer à la science ? De vraiment poser des mots concrets et de maîtriser un peu ces outils. En allant toujours plus loin, c’est trop bien.”


Estelle : “Lorsqu’on établit une recherche, en design on part d’un sujet, d’un enjeux souvent sociétal, alors qu’en recherche nous allons plus admettre des postulats, des hypothèses sur lesquels nous allons nous baser et essayer de démontrer. 
En effet, en recherche, on se positionne plus sur une hypothèse, un postulat qu'on essaie de démontrer à travers des expériences. Le fait d'avoir fait un protocole expérimental avec un projet en collaboration avec un doctorant directement, c’était hyper enrichissant de voir sa démarche et de voir les recherches qu'on peut mener.
Oui effectivement, mon approche de la recherche en design a évolué.  Au départ, je voyais la recherche seulement utile pour trouver la problématique lors de projet design. Mais à présent, à travers le protocole d’expérimentation que nous avons mené pour une thèse, je vois la recherche comme une grande expertise du sujet avec un axe de recherche précis.”

 

 

  • Pouvez-vous nous parler des projets sur lesquels vous travaillez actuellement et nous parler de votre rôle dans ces projets ? 

Valentine : “Moi, je suis sur plusieurs projets. Mon projet principal, c'est le projet Bots for Education. C'est un projet sur les robots de téléprésence. C'est des robots qui sont faits pour améliorer la visioconférence sans remplacer le présentiel, mais pour donner plus de présence physique. C'est vraiment ça l'enjeu, permettre à des gens qui ne sont physiquement pas là, de l’être au-delà d'un écran d'ordinateur, avec tous les problèmes évidents qu' implique la visioconférence. Je suis chef de projet sur ce projet là. Et on a organisé une expérience avec les deuxième années, dans la classe d'Interaction. On a vraiment fait tester à chaque séance pendant toute la durée du module. On leur a demandé de rester une fois chacun à distance et d'utiliser les robots pour suivre le cours. Ce n'était pas facile, mais c'était super chouette. Sinon, on travaille aussi avec Paul Laborde sur le projet du mémoire. On fait des interviews de retour d'expérience avec les cinquièmes années qui ont fini leur mémoire. C'est un projet très enrichissant. On accède à plein d'informations vraiment très riches qu'on n'aurait pas du tout si on était resté simple étudiante.”


Estelle : “A mon commencement à Strate Research, mon rôle de stagiaire a été de travailler avec le doctorant Hazar Zileluiglu sur sa thèse qui porte sur l'Interaction entre les personnes et les chiens. Nous sommes partis du postulat que le bien-être du chien est corrélé avec celui de son maître. 
Pour démontrer cela, nous menons des expériences avec les maîtres et leur chien sur une durée de 5 jours. Les participants sont soumis à 3 questionnaires et à un suivi quotidien (via d’un sms le matin et d’un appel le soir). Durant cette période, le chien va porter un capteur 24h/24, qui va nous apporter des données sur ses activités, mouvements de la journée à l’aide d’un accéléromètre et d’un gyroscope intégrés dans le capteur.
En même temps, le participant va annoter dans une application les actions de son chien. Ainsi, nous récoltons des données pour instruire une IA à reconnaître la routine et les activités types d’un chien de compagnie.
En analysant des routines quotidiennes types de chien, nous voulons observer le bien-être de l’homme. Ainsi, notre axe principal est de ne pas mettre des capteurs sur l’humain 
Si le chien rencontre une modification majeure dans son comportement quotidien, s’il ne mange plus par exemple, cela pourrait signifier qu’il y a une anomalie dans la routine du maître et donc dans son bien-être. 
Mon rôle a été d’écrire des questionnaires et le protocole avec l’équipe, de gérer l’organisation des expériences, créer un étui (impression 3D) pour le capteur, et d’aider à l’analyse des données.
De plus, nous, Valentine et moi, travaillons sur la méthodologie du mémoire pour les 5èmes années à Strate. Nous avons aussi comme projet de redonner vie à notre bibliothèque, d’améliorer la communication de Strate Research (La gazette), et de réfléchir au Workshop de recherche pour les 1ère année.”

 

 

  • Comment collaborez-vous avec les autres membres de l'équipe recherche ?

Valentine : “Oui, surtout qu'ils nous fassent confiance, qu'ils nous écoutent, qu'ils nous laissent prendre la parole, même qu'ils nous incitent un peu. Mais bon, nous, on le fait un peu naturellement, mais ils nous donnent vraiment une vraie place. On ne se sent pas stagiaire, on se sent collègue. Moi, personnellement, je n'aurais pas pu rêver mieux comme stage.”

Estelle : “Nous avons régulièrement des réunions de bilan d’équipe, ou nous partageons tous nos avancements de projet. 
Nos bureaux étant à côté, nous discutons dans les couloirs, un moment où très vite des sujets qui nous questionnent viennent s’interroger.” 

Valentine : “Et on travaille régulièrement avec Paul Laborde, Emna Kamoun, Ioana Ocnarescu, Isabelle Cossin en tant que collègues. On participe à leurs réunions, pas toutes, mais presque.
Souvent, on discute, on s'échange des références, une exposition, un bouquin. Moi, je pose beaucoup de questions parce que j'en profite. Je me dis que mon temps est compté ici. Par exemple la sémiotique, c'est la spécialité d'Emna, je ne savais pas ce que c'était. C'était un plaisir de discuter de ça avec elle. On en profite un maximum.” 

 

  • Envisagez-vous votre avenir dans le domaine de la recherche en design ?

Estelle : “Peut-être bien ! Je trouve la partie recherche ultra intéressante et enrichissante. Elle permet d’ouvrir son regard sur un domaine précis en travaillant avec beaucoup de secteurs différents. De plus, la partie expérimentation est aussi un casse-tête qui me plait. 
J’aime beaucoup la partie prototypage qui permet de retrouver un côté plus design produit donc oui pourquoi pas si je peux créer des prototypes plus approfondis à la suite d’une recherche et le voir émerger, cela me plairait beaucoup.”

Valentine : “Moi, c'est pareil. Pourquoi pas ? Je découvre plein de domaines d'application. Il n'y a pas que des chercheurs dans le domaine. Il y a plein d'autres sous disciplines, là j’essaye de me concentrer sur les tâches à faire. Quelles tâches m'intéressent plus qu'une autre ? 
Et en termes d'investissement, en termes de travail. J'essaie de regarder comme ça. Ce qui me plaît beaucoup quand même dans la recherche, c'est que je trouve qu'il y a une forme de militantisme, dans le sens où ce sont des données qui sont vraiment certifiées, qui suivent un protocole scientifique, qui sont proches de la vérité quand même. C'est très beau. Dans la finalité, ça contribue à la science de manière générale. Les prochaines personnes qui vont travailler sur le sujet, elles vont consulter ta petite vérité, ta petite expérience pour gagner du temps, avoir d'autres points de vue. C'est très beau, c'est hyper concret et aussi il y  une assiduité dans la recherche, que je trouve rassurante. On se dit, il y a des gens qui font bien leur travail. Ça change un peu de ce qu'on a l'habitude de voir, je trouve. Pour finir, je trouve qu’on est complètement dans la dynamique d'améliorer le monde de demain.”

 

  • Un conseil pour aider les Stratos à rester à jour des tendances et des développements actuels dans le domaine de la recherche en design ? 

Estelle : “C'est comme être designer, c'est une posture un peu, c'est un mindset. Mais moi, je disais oui, pas hésiter quand tu es sur un sujet, que tu approfondis à fond, que tu essaies de creuser par tous les chemins possibles qui peuvent aussi t'intéresser. Tu vas découvrir plein de perspectives et t'ouvrir une vision autre. 
Dès qu’un sujet vous intéresse, creusez le à fond ! Il vous fera rebondir sur d’autres perspectives et ouvrira votre vision de chercheur et de designer ! 
Ce créer un Google Sheet, avec toutes les sources (livres, articles, œuvres, expositions, comptes insta), les supports (sites internets, serveur des écoles, zotero, mendeley,...), les méthodologies apprises au cours des années, les figures/studios de design importants par sujet…”

Valentine : “Personnellement, je conseille déjà d'aller rencontrer l'équipe de recherche à Strate, parce que ça ne coûte rien, ils sont à l'école. Et même s'ils ne sont pas super disponibles, ils trouveront toujours cinq minutes pour vous recommander un livre, un film, une exposition, un sujet.
Et sinon, je vous recommande de lire le Livre Blanc, il traite beaucoup des nouvelles technologies, globalement, la recherche. C'est un sujet hypersensible et hyper actuel. 
Après, sur les réseaux sociaux, vous pouvez suivre des pages Instagram comme Explore FR, Creapills ou encore Kapaw.

Vous pouvez aussi commencer à lire des articles scientifiques. Un article scientifique, c'est vraiment un résumé hyper concis d'une expérience qui a été menée avec beaucoup de résumés. Il y a des introductions, il y a des résumés de résumés, il y a des conclusions hyper concises, donc c'est vraiment facile à lire. Et même si la recherche avant un projet de design et la recherche en tant que discipline, c'est des choses différentes, je pense que ça peut être très pertinent quand on commence un projet, de lire quelques articles sur le sujet, mais même globalement, d'avoir le réflexe de faire une exposition qui traite du sujet, regarder un petit film qui traite du sujet. De toute façon, on se cultive, donc autant les mettre au service de nos projets de temps en temps, histoire d’être plus dans le concret, pouvoir argumenter, être même mentalement plus impliqués.”

 

  • Merci Valentine, Merci Estelle ! 

Ensemble : Merci à vous !